Vous êtes ici

Lynda Gratton : « Quand les dirigeants coopèrent entre eux, les équipes les imitent ! » - Les Echos 12/11/2015

Lynda Gratton : « Quand les dirigeants coopèrent entre eux, les équipes les imitent ! »

LEA SURUGUE | LE 12/11/2015

Lynda Gratton, professeur London Business School, 31ème classement Thinkers50 2015.Lynda Gratton, professeur à la London Business School, est 31ème du classement Thinkers50 2015

Précédent

Suivant

Professeur de comportement et d’organisation à la London Business School, la conférencière internationale Lynda Gratton livre aux « Echos Business » sa vision de l’avenir du travail. Elle accède à la 31ème place du classement Thinkers50 2015 révélé le 9 novembre.

Lynda Gratton, vous anticipez un boom d’équipes « virtuelles », travaillant à distance sur les cinq continents, au sein des grands groupes. Comment ces derniers s’y préparent-ils ? Les entreprises avec lesquelles je travaille sont souvent inquiètes quand elles doivent mettre en place une stratégie pour gérer des équipes à distance. En fait les clefs de la réussite sont assez simples : elles tiennent beaucoup à la culture de l’entreprise. Si les dirigeants coopèrent entre eux , les équipes vont les imiter. D’autre part, si votre organisation favorise le « networking », et encourage les gens à se rencontrer entre services, la collaboration se fera plus facilement. Le plus important pour qu’une équipe « virtuelle » coopère c’est de lui donner une mission vraiment intéressante, qui soit motivante pour tous ses membres. Au manager ensuite de s’assurer que tous _ où qu’ils soient _ se sentent impliqués et de définir clairement les rôles de chacun, pour qu’ils se passionnent pour leur tâche.

Justement, certaines entreprises sont confrontées au phénomène du « boring-out ». Leurs employés s’ennuieraient jusqu’à en tomber malade... Grâce aux progrès de la robotique, il y a de moins en moins d’emplois très ennuyeux. Mais nous vivons aujourd’hui dans une société où les personnes valorisent presque plus la reconnaissance et les expériences enrichissantes au travail que les bénéfices tangibles qu’elles peuvent tirer, comme un salaire élevé. Pour éviter l’ennui des employés et répondre à ces nouveaux besoins, le rôle des managers est décisif. Aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, un groupe comme McDonalds arrive a susciter l’enthousiasme de ces employés même si leur travail n’est pas passionnant, car les managers les accompagnent, donnent un retour régulier sur la performance, et proposent des perspectives d’évolution.

Pourtant l’holacratie, qui consiste à se passer de chefs, occupe les réflexions et s’inscrit dans l’air du temps. Le manager restera-t-il important ? Le fait de vouloir innover en matière de management et de repousser les hiérarchies n’est pas nouveau. Néanmoins, les initiatives qui visent à se passer de manager ne sont pas toujours des réussites. Je pense qu’on peut redistribuer les responsabilités entre tous les maillons d’une équipe, mais que l’on aura toujours besoin d’un manager. Dans un environnement digital, ce dernier devra développer de nouvelles compétences, notamment en matière de résolution des conflits, qui sont plus délicats à gérer dans une équipe virtuelle. Ils devront aussi trouver le tempo adéquat pour leurs équipes, qui peinent souvent à trouver le bon rythme, quand elles ne sont pas physiquement au même endroit. Le manager de demain sera un vrai coach, un mentor pour son équipe.

Face à ces changements, comment les entreprises, en quête constante de sens, perçoivent-elles l’évolution de leur rôle ? Effectivement, les entreprises sont de plus en plus conscientes qu’elles doivent jouer un rôle nouveau et accompagner les grands défis du siècle. De nombreux chefs d’entreprise veulent comprendre comment leur business peut apporter des réponses aux problèmes du monde, qu’il s’agisse du réchauffement climatique, de la pauvreté, des inégalités... Je vois aussi beaucoup de jeunes qui veulent se lancer dans le domaine de l’entrepreunariat social. Nous vivons un moment de transition, les entreprises se transforment pour mieux assumer ces nouvelles responsabilités, et pour proposer des réponses aux besoins nouveaux des employés.

En savoir plus sur http://business.lesechos.fr/directions-generales/strategie/idees/0214709...