Le gouvernement veut réguler le stockage de gaz
Les capacités de stockage de Storengy et de TIGF seraient mises aux enchères.
Réforme en vue pour assurer la sécurité d'approvisionnement de la France en gaz. Après une tentative avortée il y a un an, Nicolas Hulot a inscrit dans son projet de loi sur la fin des hydrocarbures une réforme du stockage souterrain de gaz. Aujourd'hui, les fournisseurs ( Engie, EDF, Direct Energie...) doivent acheter des espaces de stockage aux deux acteurs du marché, Storengy (Engie) et TIGF, qui en fixent librement les prix. Or les fournisseurs rechignent à payer pour stocker du combustible pendant des mois, compte tenu des faibles écarts de prix sur les marchés entre l'été et l'hiver. Résultat : les stockages ne se remplissent pas assez, au risque d'une pénurie en cas d'hiver rigoureux.
Un calendrier ambitieux
Pour sortir d'un dispositif critiqué par les fournisseurs (un recours de l' Uprigaz est en cours) et l'administration (un rapport a acté cet été « une grave instabilité » du système), le gouvernement prévoit une réforme par ordonnance. Les fournisseurs de gaz n'auraient plus d'obligation de stockage : les capacités disponibles du duopole seraient mises aux enchères chaque début d'année. Le stockage restant serait rémunéré à un tarif fixé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) et serait intégré au tarif de transport du gaz, financé sur la facture de l'ensemble des consommateurs. « L'obligation de dernier recours sera chez les stockeurs, et le stockage va devenir un outil de modulation comme un autre », salue Daniel Fava, directeur général d'ENI Gas & Power France.
Si le Conseil d'Etat valide le projet du gouvernement, il restera à en préciser les modalités. « Nous ne nous opposons pas à un mode régulé mais nous devons préserver notre modèle économique, et nous ne ferons la commercialisation au printemps prochain que si le cadre juridique est fixé », prévient Dominique Mockly, directeur général de TIGF. Un calendrier « très ambitieux », reconnaît-on à la CRE. Tandis que les entreprises fortement consommatrices de gaz veilleront au coût du transport, Direct Energie juge déjà la réforme trop parcellaire. « Le sujet de la sécurité d'approvisionnement devra être traité plus globalement, en incluant les interconnexions entre pays et les terminaux méthaniers », estime Fabien Choné, son directeur général délégué.
Pour Greenpeace, le projet de loi Hulot visant à cesser l'exploitation de gaz et de pétrole en France à l'horizon 2040 affiche « un bon objectif » mais « il laisse encore la porte ouverte à trop de menaces pour le climat et les écosystèmes », notamment au large de la Guyane. WWF France attend « des mesures pour réduire notre consommation d'hydrocarbures ». D'autres ONG - Les Amis de la Terre, 350.org, Attac et des collectifs locaux - ont salué « l'esprit de cette loi », mais aussi mis en avant des « failles dans le texte ».
En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0305312...
- Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire