La rentabilité des acteurs de l’énergie a cessé de se dégrader
Après des années de baisse, le taux de marge brute d’exploitation des énergéticiens européens est reparti à la hausse l’an dernier, note le baromètre de Watt’s Next Conseil.
Après plusieurs années de tempête, toute éclaircie est aussi bienvenue que remarquée. L'an dernier, les comptes des vingt-cinq plus grands énergéticiens européens ont affiché une amélioration de leur rentabilité. « Le déclin du ratio Ebitda sur chiffre d'affaires a été stoppé », note le troisième baromètre annuel de Watt's Next Conseil sur les performances financières du secteur de l'énergie. A 16,4 %, ce ratio a grignoté 0,4 point sur un an. « Ce n'est rien mais cela met fin à six années de baisse consécutive », observe le cabinet. Le taux de marge brute d'exploitation reste toutefois inférieur de cinq points par rapport à 2009. Et dix groupes l'ont encore vu reculer l'an dernier.
Plans d'économies
Ce rebond est davantage lié à leurs efforts, via des plans d'économies (chez Enel, EDF, Engie...), qu'à une amélioration de leur environnement. Car si la consommation d'énergie a légèrement crû pour l'électricité l'an dernier (+0,7 %) et plus significativement pour le gaz (+7,4 %), les prix de marché, spot ou à terme, ont continué à baisser sur presque toutes les places de marché européennes. Le chiffre d'affaires a donc continué à reculer en moyenne (-8,1 %), seuls trois groupes européens (le finlandais Fortum, l'italien A2A et le britannique SSE) ayant enregistré l'an dernier une croissance de leur activité.
A la faveur de la scission du groupe allemand EON en deux entités, EDF est repassé numéro un en chiffre d'affaires. « EDF n'a pas enregistré de perte parce qu'il a peu déprécié, note Damien Heddebaut, associé de Watt's Next Conseil. Sa problématique est davantage sur le cash-flow, négatif depuis plusieurs années ». Les dépréciations d'actifs, ont, pour la deuxième année de suite, conduit à une perte nette pour l'ensemble du secteur européen (un demi-milliard d'euros). « Sur les cinq dernières années, le secteur a enregistré 140 milliards d'euros de dépréciations », rappelle Damien Heddebaut.
En quête de revenus sécurisés
Pour passer les difficultés, les énergéticiens ont engagé d'importants plans de cessions d'actifs (la dette nette du secteur tutoie les 250 milliards d'euros) et poursuivi une sélection plus drastique de leurs investissements. Certains se sont aussi mis en quête de revenus sécurisés (réseaux, énergies renouvelables aux tarifs régulés...), afin de s'immuniser contre les variations des prix de marché. Pour trouver des relais de croissance, ils développent aussi de nouveaux services (vente de panneaux solaires, entretien des chaudières, suivi personnalisé de la consommation...), à la fois pour conserver leurs clients et améliorer leurs marges sur la fourniture d'énergie. « La grande question pour l'avenir est la gestion du digital, de la relation-client et les nouvelles solutions proposées à leurs clients », note Watt's Next Conseil.
« Le secteur électrique évolue en permanence mais il a rarement été aussi rapide dans l'histoire moderne », estime de son côté une analyse de GTMResearch. Avec quatre « drivers » à l'oeuvre : la « décarbonation » - Wood Mackenzie table sur une production mondiale électrique à 30 % solaire et éolienne en 2035, contre 5 % en 2015 -, la décentralisation de la production, l'électrification des véhicules et l'accès à l'énergie de zones encore peu électrifiée, vivier de croissance pour tous les énergéticiens. Certains acteurs, dans ce contexte, s'attendent à un mouvement de consolidation en Europe.
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