Gouvernance : ces entreprises qui intègrent le facteur climat

Malgré de nets progrès, seul un groupe sur deux a intégré l'objectif de limiter à 2 degrés la hausse globale des températures.
Le changement climatique fait-il partie des priorités des plus grands groupes européens émetteurs de CO2 ? Contrasté, le bilan est néanmoins encourageant. « Des progrès considérables ont été réalisés depuis dix ans. Le climat est à l'agenda de 80 % des conseils d'administration », constate la banque française Oddo dans une étude consacrée aux 100 blue-chips européennes les plus concernées par les questions climatiques.
Pour construire son échantillon, Oddo a retenu 15 secteurs de l'indice Stoxx 600 pour lesquels le changement climatique est une réalité concrète et, dans ces secteurs, il a sélectionné 100 entreprises responsables de 83 % des émissions. Cet univers pèse 2.600 milliards d'euros, soit un tiers de la capitalisation du Stoxx 600. Dans cette liste, figurent neuf des 20 premiers émetteurs mondiaux cotés en Bourse (ArcelorMittal, RWE, Engie, E.ON, Enel, LafargeHolcim, Royal Dutch Shell).
Au final, 95 % des entreprises européennes ciblées par l'étude ont transmis leurs niveaux d'émissions au CDP, le Carbon Disclosure Project, une organisation internationale qui a vocation à améliorer la transparence sur ce sujet. 86 % font certifier leurs données climat par une partie tierce externe (Deloitte, DNV, E&Y, KPMG, PwC). Cette pratique, qui tend à se généraliser depuis cinq ans, est un gage de crédibilité pour les investisseurs quant à la qualité des données qui leur sont communiquées. Par ailleurs, 85 % des groupes reportent des objectifs quantitatifs et consolidés sur leurs émissions (ce qui ne signifie pas que ces derniers soient tenus), tandis que 81 % communiquent qualitativement sur l'impact du climat sur leur « business model ». Enfin, le sujet du climat est à l'ordre du jour des conseils d'administration dans 80 % des cas. Et ce, depuis 2007 en général. Ce qui témoigne d'un bon degré d'implication des conseils avec une courbe d'expérience d'au moins cinq ans.
Du carbone à tarif variable
Cela n'empêche pas l'étude réalisée par Oddo de pointer vers les progrès qui restent à accomplir. En effet, seulement une entreprise sur deux a intégré, dans la marche de ses affaires, l'objectif de limiter à 2 degrés Celsius la hausse globale des températures. Et seulement une sur deux aussi intègre dans son calcul de la rentabilité un prix de la tonne de carbone. La fourchette de prix est d'ailleurs extrêmement disparate et varie entre 5 et 122 dollars la tonne. En moyenne, les prix s'établissent dans une fourchette entre 30 et 60 dollars.
Rares sont les entreprises (une sur quatre) qui quantifient la création de valeur liée à une bonne gestion du risque climat, et aussi rares sont celles qui fixent à leur directeur général des objectifs liés à des critères extrafinanciers dans leur rémunération.
En se fondant sur cette analyse, Oddo a réalisé un classement des 15 grandes entreprises européennes qui se démarquent favorablement par leur gouvernance, la gestion de leurs enjeux climat (risques comme opportunités) et leur capacité à reporter aux investisseurs financiers sur ce sujet. Le groupe automobile allemand BMW arrive en tête de liste, avec un score de 80,3 % devant le norvégien Statoil, le portugais EDP ou le chimiste Akzo Nobel.
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/journal20151201/lec1_monde/021520872618-gouvernan...
- Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire