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Fort de son bilan chez Solvay, Clamadieu prend la présidence d'Engie

Il va cumuler la présidence d'Engie et la direction de Solvay pendant quelques mois. Il laissera derrière lui un groupe profondément transformé et très profitable.

Le conseil d'administration d'Engie, réuni mardi soir, a officialisé la nomination de Jean-Pierre Clamadieu à la présidence du groupe énergétique français. Le patron du chimiste belge Solvay succédera à Gérard Mestrallet à l'issue de l'assemblée générale, en mai prochain. Il formera un tandem avec Isabelle Kocher, la directrice générale d'Engie.

Jean-Pierre Clamadieu quittera donc Solvay plus tôt que prévu, mais pas tout de suite. Le groupe belge se met en quête d'un successeur, un processus qui devrait aboutir « d'ici à la fin de l'année », a annoncé mardi le groupe basé à Bruxelles. En attendant, Clamadieu cumulera donc les deux postes chez Engie et Solvay pendant une « phase de transition » de quelques mois.

Icône du capitalisme belge

S'il a été choisi par l'Etat, premier actionnaire d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu le doit pour beaucoup à son bilan à la tête de Rhodia, le groupe chimique français issu de Rhône-Poulenc, puis de Solvay, le chimiste belge qui a acheté Rhodia en 2011. Jean-Pierre Clamadieu a pris la direction générale du nouvel ensemble peu après la fusion. Il était le premier étranger nommé à la tête de Solvay, une icône du capitalisme belge fondée en 1863.

En six ans, Solvay, qui avait déjà cédé sa division pharmacie deux ans plus tôt, a opéré une transformation sans précédent dans son histoire, vieille d'un siècle et demi. Jean-Pierre Clamadieu a piloté 15 acquisitions et 29 cessions depuis son arrivée. Les rachats de l'américain Chemlogics, spécialisé dans les produits pour l'extraction du pétrole, et celui de  Cytec, un fabricant de composants thermoplastiques pour l'aéronautique et l'automobile , ont stimulé la croissance et les profits.

Plus international

Parmi les plus importantes cessions figurent Acetow (la cellulose d'acétate qui sert à fabriquer les filtres des cigarettes) et Inovyn (chlorovinyls). La vente des polyamides à BASF, annoncée en septembre, parachève la transformation . Solvay marque maintenant « une pause » dans la recomposition de son périmètre, annonçait alors Jean-Pierre Clamadieu.

Le dirigeant français va laisser derrière lui un groupe recentré sur la chimie de spécialités, plus international (l'Europe ne représente plus qu'un tiers de l'activité), avec une base de clients plus diversifiée. Et presque méconnaissable : les deux tiers des activités et la moitié des salariés du Solvay d'aujourd'hui ne faisaient pas partie de la société il y a cinq ans, selon les données transmises par l'entreprise.

Les effectifs ont fondu

Le chiffre d'affaires a fondu avec les cessions d'actifs, passant de 13 milliards d'euros en 2011 à un peu plus de 10 aujourd'hui. Les effectifs aussi : Solvay emploie 24.500 personnes, contre 31.000 pour les deux entreprises additionnées au moment du rapprochement.

    Le parcours n'a pas été sans faute. En 2013, Solvay a dû revoir ses perspectives financières à la baisse par deux fois, décevant provisoirement le marché. Depuis la fusion, les bénéfices ont sensiblement progressé malgré la cure d'amaigrissement, à la satisfaction des actionnaires, à commencer par les héritiers de la famille fondatrice de la firme belge.  La marge brute d'exploitation (Ebitda) est passée de 15 % à 22 % en six ans , l'une des plus élevées du secteur.

    Jean-Pierre Clamadieu pourra mettre à profit cette expérience chez Engie, un groupe qui est lui aussi en pleine reconfiguration. En changeant radicalement de dimension. L'énergéticien français est sept fois plus que gros que Solvay en chiffre d'affaires et emploie six fois plus de salariés. Et la transformation lancée par Isabelle Kocher doit encore faire ses preuves.

    Vincent Collen
     

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