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Dirigeants et rapport au temps - Les Echos 30/11/2015

Dirigeants et rapport au temps

MURIEL JASOR | LE 30/11/2015

 

« Ne s'interroger rapport temps, c'est prendre risque faire broyer »

 

« Ne pas s'interroger sur son rapport au temps, c'est prendre le risque de se faire broyer » - shutterstockécédent

Pour quoi le dirigeant est-il disponible à l'ère de la révolution digitale et de la dictature du court terme ? Comment apaiser sa relation au temps ?

Ils étaient une quarantaine. Mardi 24 novembre, pendant quatre heures, des membres de comités exécutifs et de comités de direction d'Orange, d'EDF et de L'Oréal se sont réunis à Montrouge, sur le campus de l'opérateur, afin de réfléchir à la question de leur relation au temps. « Une thématique de responsabilité sociale de l'entreprise ! » insiste Christine Cayol, fondatrice du cabinet Synthesis et initiatrice de la rencontre, avec Bruno Mettling, le directeur général adjoint du groupe Orange en charge des RH et auteur de « Entreprises : retrouver le temps pertinent » (Débats publics). Après avoir répondu sur iPad à un questionnaire, chacun s'est penché sur la courbe d'analyse de son rapport au temps avant d'écouter le témoignage de Bruno Mettling, puis de poursuivre avec un exposé et un atelier autour d'une oeuvre de Brueghel (voir l'édito Business Life en p. 8), suivi par des échanges d'expériences. « Comment, dans une vie aussi riche que celle de dirigeant, parvenir à réguler des temps pluriels ? », se sont-ils demandé. Six pistes à explorer.

Lutter contre le rapport technique au temps

« Ne pas s'interroger sur son rapport au temps, c'est prendre le risque de se faire broyer », prévient Christine Cayol, qui a recueilli, au fil du temps, le témoignage de nombre de patrons : Stéphane Richard, Christophe de Margerie, etc. Et Bruno Mettling de rappeler l'importance, lors d'une prise de fonction, « de prendre le temps de l'anticipation, de la scénarisation, voire de la dramaturgie », au lieu de foncer bille en tête. Or, tout contribue à placer le dirigeant en situation d'urgence, depuis les outils technologiques jusqu'à quantité de contraintes qui l'invitent à tout à la fois à répondre dans l'instant, l'heure, la semaine, le trimestre et à cinq ans.

Raisonner en 3D

Tout leader devrait interroger trois vocables, la distance, le discernement et la disponibilité. Prendre de la distance est impératif pour éviter l'infobésité sans quoi le dirigeant en vient vite à verser dans le surcontrôle et l'impossibilité d'anticiper. Faire preuve de discernement aide à gérer la culpabilité. Quant à la disponibilité, elle permet que le temps de l'information ne sacrifie pas celui de la relation.

Se projeter dans un temps long

« Le 23 novembre, le comex d'Orange a passé une demi-journée à se projeter dans les dix à vingt ans », illustre Bruno Mettling. Pour anticiper et approfondir. « La dictature du court terme peut heurter le contrat social », insiste le DGA d'Orange.

Bannir deux principaux travers

Les erreurs les plus communes ? « L'effet cocktail mondain » : « On n'écoute pas celui qui nous parle, car on a aperçu quelqu'un de plus important ou intéressant plus loin », traduit Christine Cayol, qui pointe aussi « l'effet cabinet de médecin » débordé : « Du retard, des rendez-vous, pas de réelle écoute ».

S'accorder des ruptures temporelles

La pause est indispensable pour préserver son corps et son énergie. Attention, une vraie rupture, pas un stage de déconnexion digitale qui réduit la mauvaise appréhension du temps à un problème d'outil.

Renouer avec une mal-aimée : l'attente

Quelle meilleure qualité que la capacité à attendre son heure ?

À noter
Les dirigeants d'Orange, de L'Oréal et d'EDF se retrouveront le 29 mars 2016. Témoin : l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.

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